Estonie, Lettonie, Lituanie : petits pays, grands Européens

Par Nathalie de Kaniv, membre du conseil d’EuroDéfense-France, Chercheur associé de l’Académie de défense de l’École militaire, Dans le cadre du groupe de travail « Diplomatie européenne » d’EuroDéfense-France.

Communément rassemblés sous la même dénomination de pays baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie se définissent par leur position géographique, limitrophe de la mer Baltique, et une histoire récente commune, même s’ils constituent trois États fort de trois cultures et trois passés différents. De Tallinn à Vilnius, les Baltes sont unanimes : ce qui nous a unis, disent-ils, c’est l’occupation soviétique (1940-1991). Celle-ci a laissé une plaie dans la mémoire collective que le retour de l’expansionnisme russe et la tragédie ukrainienne ont revivifié.

Cependant, l’équilibre entre la singularité et la proximité demeure le fil conducteur de la représentation des trois pays sur la scène européenne. S’ils se distinguent l’un de l’autre, ceci relève de l’histoire, de la langue, de la culture et d’itinéraires singuliers. Quant à la proximité, elle rappelle d’une part le passé commun depuis la première indépendance en 1918 (les guerres civiles, l’annexion soviétique, l’occupation nazie, la « libération » et de nouveau l’occupation soviétique) ; d’autre part, elle leur offre une assise plus soutenue au sein des instances européennes.

Souvent perçus comme fort atlantistes, les trois États soutiennent cependant leur appartenance à l’Europe qui demeure la garantie de leur indépendance. Là encore, ensemble, ils affirment le tournant de 1991 comme le retour à l’Europe de laquelle ils avaient été séparés de force. Aussi, ils s’efforcent de se faire connaître et de poser leur place au sein de l’Europe historique, culturelle et politique.

Malgré tout, ces pays demeurent souvent méconnus dans les grandes historiographies européennes. Dans d’importants travaux consacrés à l’histoire de l’Europe, les Baltes ne trouvent pas leur place. Leur présence n’est pas plus acquise dans des monographies liées à l’Europe centrale.

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